Une petite communauté se retrouve sous les projecteurs des médias après la mort d'un petit garçon. Deux enquêteurs sont chargés de résoudre cette affaire délicate, tout en essayant de garder la presse à distance et de préserver le tourisme. Face à un tel drame, les habitants commencent à s'épier les uns les autres, faisant remonter à la surface bien des secrets...
Was it him ? Beth
Il n’y pas assez de mots pour décrire Broadchurch. C’est une série par laquelle on traverse toute sorte d’émotion, des tas et des tas, et elle ne laisse pas, elle ne peut pas laisser indifférent. Cette review va être ardue à écrire, et mes mots ne seront pas à la hauteur de la série et de cette première saison. C’est une série incroyable. Difficile à classer. Elle brasse tellement de sujet qu’il est difficile de la mettre dans une case. Du drama intimiste, du policier, du thriller, du journalisme, et bien d’autre. Avec bien entendu une petite touche d’humour anglais par ci par là (ça marche d’ailleurs à chaque fois pour ma part). Broadchurch part d’un pitch à priori vu et revu partout dans toutes les séries du monde entier, celui du meurtre d’une personne puis de l’investigation par la police du meurtre, avec le célèbre format « Whodunit ? » se rapprochant d’un roman d’Agatha Christie, mais le résultat se révèle mille fois différents que ce qu’on peut s’imaginer. Si je devais la comparer, The Killing en version danoise et USA me viendrait tout de suite à l’esprit, mais aussi Twin Peaks. Ne serait-ce que par l’aspect de la petite ville paumée au milieu de nulle part et dans laquelle les habitants ont toujours des petits secrets. Et attribuer à une série ce terme, c’est souvent significatif de quelque chose de très élogieux.
Je ne vais pas passer par quatre chemins et faire le dur, j’ai passé le premier épisode avec les larmes aux yeux tout le long. De la découverte du corps de Danny Latimer par sa mère, à l’annonce officielle de sa mort à sa famille, au moment où son père va l’identifier à la morgue, aux scènes où la famille gère avec les conséquences, ce qu’ils auraient pu faire pour peut-être le sauver, et bien d’autres choses. C’était très éprouvant à regarder. La musique magnifique, géniale, mystérieuse, envoutante, à l’image de la série en quelque sorte, a dû aider. Réécouter la B.O de la série aujourd’hui me ramène toujours à des moments de grande dépression, de tristesse mais tout de même des très bons souvenirs. Le reste de la saison a été relativement moins éprouvant, même si certaines scènes et certaines intrigues étaient vraiment bouleversantes (l’épisode cinq et sa fin surprenante avec ce pauvre Jack, ou la révélation sur le passé de la mystérieuse Susan Wright). Le dernier épisode dans ces dernières minutes m’a tué. C’était bien plus fort que triste ou bouleversant. Les violons étaient de sortie, comme les larmes. Broadchurch se conclut parfaitement, brillamment, et peu de série peuvent se vanter d’offrir une conclusion si réussie. Maintenant une question de taille se pose, que racontera bien la deuxième saison ? Cette première saison se suffisait amplement à elle-même, avec un début, un milieu et une fin. L’épisode huit faisant office de series finale parfait. On repartirait donc sur une nouvelle ville avec un nouveau meurtre ? Le meurtrier n’est finalement pas le bon ? On continue à suivre le quotidien de la petite ville et de la famille Latimer qui essaye de se reconstruire ? On développe le passé d’Alec Hardy avec l’histoire du meurtre de la jeune fille non résolu ? Autant vous dire qu’aucune des possibilités envisageable ne me convient … Broadchurch will return nous dit-on, mais que va-t-elle nous raconter ?
J’essaie de trouver quelques défauts à Broadchurch, mais c’est quasiment impossible pour moi. Peut-être à cause de l’amour éperdu que je lui porte. Mais certains, et je le comprendrai, diront qu’ils se sont un peu ennuyés par moment. D’autres diront qu’ils avaient devinés l’identité du meurtrier de Danny Latimer bien avant qu’elle ne soit révélée (c’était mon cas également mais j’ai bien apprécié tout de même puisque le tout est resté très vraisemblable et pas over the top du tout). D’autres encore, ça sera un manque d’originalité à travers les thèmes abordés par celle-ci. Certes la pédophilie, l’adultère, la religion, la drogue, le flic ayant ses fêlures du à son lourd passé, on en a très souvent parlé, mais je leur répondrai que la différence est que l’émotion dégagée par cette histoire est totalement différente de celle d’un Experts, d’un The Mentalist, d’un Unforgettable et toute la clique où les personnages vont et viennent et sont caricaturaux, pas touchant pour le moins du monde. D’ailleurs, si je devais trouver ce qui m’a le plus gêné et le moins convaincu lors de cette saison, c’est le personnage d’Alec Hardy qui est pour moi le personnage le plus faible du lot. Comme je l’ai dit plus haut, ce genre de personnages on en a vu partout dans toutes les séries. Avec Docteur House, (la ressemblance entre les deux personnages est flagrante), le héros des Experts : Manhattan, plus récemment Ryan Hardy dans The Following et bien d’autre. Heureusement que David Trennant (le dixième docteur dans la série culte Doctor Who) nous offre une excellente prestation. Qu’importe, ce qu’on reconnaitra tous à Broadchurch, c’est que la série possède un bon timing dans les révélations et les gros cliffhangers (à chaque fois irrésistibles et qui te coupent l’envie de respirer jusqu’au prochain épisode). On reconnaitra tous à la série également une réalisation magnifique, léchée, soignée, épluchée au peigne fin. Chaque plan a son importance, le jeu de la lumière est éblouissant, ces plages et ces falaises sur lesquelles on aimerait bien poser ses serviettes et s’y prélasser toute la journée. Bravo à ces messieurs anglais qui nous offre chaque année des séries d’une magnifique beauté souvent accompagnée d’un sujet passionnant.
On le répète encore et encore et toujours, mais avoir des bons personnages, c’est la clé pour une série réussie. Avec en plus et de la chance, de bons acteurs puis une intrigue qui tient la route. Broadchurch possède ces trois qualités et les combinent absolument bien. Chacun de acteurs de la série est excellents, aucun ne fait tâche, et tous parviennent à nous émouvoir d’une manière ou d’une autre. La famille Latimer a été celle qui m’a sans doute fait le plus d’effet émotionnellement. Je salue Jodie Whittaker, l’interprète de Beth qui a délivré une partition impeccable dans chacun des huit épisodes de cette saison, bouleversante à chaque fois. Une énorme révélation pour moi. Je salue aussi Andrew Buchan, lui aussi bouleversant, et brillant aussi, par exemple lors d’un face à face déchirant avec le meurtrier de son fils dans le season finale. Charlotte Beaumont elle aussi, l’interprète de la sœur de Danny, a été une jolie petite surprise. Je lui souhaite un bel avenir à cette actrice, qui j’espère gagnera à être connue. Quant à la grand-mère, on ne la vue que très peu de fois et je trouve ça bien dommage. Le personnage aurait pu être creusé un petit peu. Sa mise en retrait m’avais d’ailleurs fait pensé à un moment donné que c’était elle la tueuse … Autour de cette famille frappée par le drame de plein fouet, impossible de ne pas mentionner David Trennant et Olivia Colman en enquêteurs efficaces et touchants. Les deux se sont véritablement révélés sur le tard vers la fin de la saison, lorsque les masques sont tombés pour faire place à la douleur et à la peine. Les dernières minutes du season finale sont ainsi magnifiques pour les deux personnages auxquels on avait fini par vraiment s’attacher et appris à aimer en seulement 8 épisodes. Bref, ils sont tous les deux brillants et pas étonnant que David Trennant est remporté le titre du meilleur acteur aux TV Choice Award. Olivia Colman a dû se contenter seulement d’une nomination dans la catégorie meilleure actrice. A côté de ça, les personnages secondaires ne déméritent absolument pas. L’actrice Pauline Quirke a fait un tour de force avec son personnage, celui de l’énigmatique Susan Wright, tantôt effrayante tantôt poignante. Vicky McClure a aussi donné de sa personne, mais j’aurais espéré un peu plus pour son personnage. La journaliste promettait de grandes choses, peut être que la deuxième saison la concernera tout particulièrement ? Le prêtre Paul, incarné par Arthur Darvill a su se démarquer lui aussi au cours de la saison et nous offrir un très joli texte lors du season finale. Sa relation fraternelle avec Simone McAulley était sympathique à suivre malgré peu de passages les concernant. Autre acteur, David Bradley dans le rôle de Jack, a été bouleversant. Même si tous ces rôles auparavant me donnait envie de le détester, c’est lui le Walder Frey dans Game Of Thrones avec le maintenant culte Red Wedding, et aussi, car on a tendance à l’oublier, l’acteur de Rusard dans Harry Potter, il m’a vraiment ému et sa triste fin y est sans doute pour quelque chose. J’émets tout de même quelque réserve quant à Adam Wilson, tête à claque à cause de son rôle et pas franchement émouvant ni même attendrissant. J’attendais avec beaucoup d’impatience le moment où Ellie allait lui annoncer que son meilleur ami était mort, mais la réaction de Tom m’avait déçu. Pas tellement de tension ni de tristesse dans cette scène. A l’inverse de la série.
Le season finale de la série était censé servir d’épilogue à la série. Ainsi, on nous révèle l’identité du meurtrier de Danny dans les toutes dernières minutes avant de revenir dans le passé nous expliquer ce qu’il s’était passé des semaines plutôt. La réalisation était à tomber comme d’habitude. Tous les éléments donnés pendant toute la saison trouvent leur sens et chaque petit détail est expliqué. L’ambiguïté de la situation de Danny Latimer nous est magnifiquement racontée en évitant les clichés et la morale à deux balles. Une belle leçon d’humanisme. Tiens une idée me vient en tête, et si on allait approfondir le meurtrier au cours de la deuxième saison. Raconter ce qui lui arrive en prison, ou faire un prequel de sa vie avant d’arriver dans la petite ville et de se marier, fonder une famille etc. ? La deuxième idée me convient amplement en tout cas. On verra bien. Ce qui serait par contre ultra-décevant et franchement absolument con, ce serait que le tueur ne soit pas le bon. J’espère que ça ne sera pas ça que les scénaristes suivront comme voix … Un prequel à la sauce Bates Motel, c’est bien. J’ai le sentiment d’avoir tout dit, du moins mes sentiments sur la série. Broadchurch est une série à voir, une des meilleures nouveautés de la saison qui se classe en haut de la liste de mes séries préférées. Les anglais sont forts, et l’on sait maintenant, que pour trouver une excellente série, il va falloir se tourner vers eux. Trust me.
Elle a été difficile à écrire cette review. Mes mots difficiles à coucher. Qu’importe Broadchurch est une excellente série, mêlant différents genres et les maniant à la perfection. Les acteurs de la série sont tous bouleversants et je les aime. Tout comme la série. Les intrigues sont intelligentes, complexes, surprenantes, passionnantes. La musique elle aussi, la réalisation digne du cinéma. Et oui, en plus de 1800 mots, il n’y en a toujours pas assez pour la décrire.
Verdict :