Game Of Thrones 2x07

A Man Without Honor

Après l'excellent, choquant, sombre 2x04, Game Of Thrones pouvaient t-elles dépassés cet épisode ? Effectivement Game Of Thrones nous pond aujourd'hui un des meilleurs épisodes de la série et le meilleur de cette saison.

On peut reprocher à Game Of Thrones son abondance de personnages, qui oblige à faire des choix entre les uns et les autres. Mais lorsque, comme dans l’épisode de cette semaine, tousces personnages se surpassent et sont tous plus éblouissants les uns que les autres, on se dit que cette sensation d’avoir trop de personnages ne tient pas tant qu’ils nous offrent des moments comme ceux-ci.
Cet épisode est parfait. Et pourtant, il ne s’y passe pas grand chose, sauf dans les dernières minutes qui semblent lancer la fin de saison.
Theon Greyjoy découvre au beau matin que Bran, Odor, Rickon et Osha se sont échappés. Le personnage se lance alors à leur poursuite, à leur chasse. Theon est vraiment en train de sombrer dans la folie, comme Jeoffrey plus au sud. Apres sa décapitation la semaine dernière, il n’hésite pas cette fois ci à tuer et bruler les deux jeunes Starks. Je me doute bien que ce ne sont pas Bran et son frère, que cet acte n’est là que pour accroitre la peur, et donc le respect, de ses nouveaux sujets. Il me tarde de voir comment va évoluer son personnage.

Du coté de Jon, l’intrigue évolue toujours lentement, même si le personnage d’Ygritte s’impose dans cet épisode. Elle le malmène, le pousse dans ses retranchements, elle l’attire et lui pose problème, lui qui a juré abstinence à la Garde de Nuit. Maintenant qu’il est fait prisonnier par les sauvages, cette partie va peut être avancer, et avec Mance Rayder, les sauvages, et les White Walkers, il y a de quoi faire et on aimerait bien que cela commence. Il est d’ailleurs intéressant de voir comment les intrigues de Jon et de Sansa se rejoignent sur le thème de la sexualité et plus précisément de la découverte de la sexualité. Le parallèle entre les deux se fait naturellement : l’un a renoncé à toute sexualité, l’autre est prête pour la sexualité et l’enfantement, mais avant cela, ni l’un ni l’autre n’avait pratiqué. La sexualité représente, de manière différente mais pour les deux, un danger, une perte.

D’ailleurs, la sexualité est aussi très présente avec le personnage de Cersei, qui gagne énormément en profondeur dans cet épisode. Toujours parfaitement incarnée, avec beaucoup de charisme et de prestance par Lena Headey, Cersei passe de la régente froide et obtue à la femme touchante et presque bienveillante. Les deux scènes se répondent. Elle est bienveillante avec Sansa, car elle sait que Jeoffrey ne sera pas un mari facile, et elle lui donne des conseils. Mais cette scène prend toute sa force dans son face à face avec son frère, Tyrion. Dans l’affrontement depuis le début de la saison, nous avons la peut être le premier vrai moment d’intimité, de fraternité entre les deux personnages, et c’est ce moment qu’elle choisit pour vider son sac, pour dire d’une part à quel point son fils est fou (avec passée rapidement dans la discussion une information très intéressante sur les mœurs des Targaryen, d’où procède la folie de Aerys II, une folie qui est présente, parfois à nue comme chez Viserys mais parfois cachée, comme peut être chez Daenerys). Sa relation incestueuse avec Jaimie n’est pas uniquement de la perversion, c’est une relation d’amour, un amour d’autant plus important que Robert ne lui en donnait pas. Malgré sa force, son pouvoir et celui de sa famille, son charisme, elle reste une femme dans un monde dominé par les hommes, par les maris et par les pères, voire les fils. Et c’est ce thème qui est en fil rouge pour les trois dernières intrigues, avec trois femmes de pouvoir également mais qui ne peuvent l’exercer dans toute sa plénitude.

Daenerys tout d’abord. Descendante du roi fou, elle peut prétendre de plein droit au trône. Mais seule elle ne peut pas y accéder seule : il faut qu’elle soit mère, de ses dragons mais le concept de maternité est bien là, ou bien épouse, de Xaro Xhoan Daxos, qui lui a promis une flotte en échange d’un mariage. Elle ne peut rien faire seule, dans ce monde, une femme ne peut atteindre son but seule. Et la situation politique de Qarth ne lui laisse pas beaucoup de perspectives : la scène du massacre des treize est absolument glaçante.

Catlyn Stark est elle aussi une femme forte, mais elle est elle aussi obligée de rester en retrait, jadis vis à vis de son mari, et maintenant vis à vis de son fils. Et lorsque Jaimie la confronte sur Jon Snow, le bâtard, la preuve vivante de l’adultère de Ned, elle est renvoyée à sa position d’épouse qui ne peut que souffrir des choix et décisions des hommes qui l’entourent. Et c’est d’ailleurs à ce moment là que la rage explose alors que pendant tout l’épisode elle a fait barrage entre les hommes de son fils et la tête du kingslayer. Quel bonheur d’ailleurs de retrouver ce personnage, son ambiguïté permanente. Alors qu’il nous semble bien plus sympathique à travers le discours de Cersei, le seul homme qui a véritablement pris soin d’elle, nous le retrouvons dans sa cage, tuant son propre cousin pour s’échapper et n’hésitant pas à provoquer continuellement ses opposants. Parfaitement incarné par Nikolaj Coster Waldau, Jaimie est clairement l’un des personnages les plus intéressants : on l’aime et on le déteste à la fois. Enfin, troisième femme forte, qui n’est toutefois par encore une femme : Arya. C’est peut être elle qui, lorsqu’elle sera plus âgée, sera LA femme puissante dans ce monde d’hommes. D’ailleurs, Tywin lui dit qu’elle lui fait penser à sa fille, Cersei. Car la voir se frayer son chemin dans Harrenhal nous montre parfaitement de quoi elle est capable. Comme je le disais la semaine dernière, la relation qu’elle entretient avec Tywin est l’une des intrigues les plus maitrisées de cette saison : ce jeu, entre cette toute jeune fille et cet homme âgé est parfait, Maysie Williams et Charles Dance se répondent magnifiquement.

Bilan: Cet épisode prouve que la série se surpasse, qu'elle est presque un chez d'oeuvre. Encore une fois, je baisse mon chapeau.